…De mémoire

Nos souvenirs ne sont pas uniformes.

Ils ne sont pas non plus cohérents.

Lorsqu’il pénètre dans la pièce, les femmes sont attablées.

C’est une douce après-midi d’hiver. Une de celle qui nous rappelle que bientôt, la nature sortira de son long sommeil et que le sang des plantes prendra de grands ascenseurs tubulaires pour faire bourgeonner la promesse de vertes feuilles, de fleurs odorantes et colorées.

La lumière s’immisce par la fenêtre à travers les volets entre ouverts et divise l’espace de la pièce des femmes d’un rayon doré. Vision spectrale de cette séparation entre elles et lui.

Elles ne le voient pas, du moins ne lui accordent aucun intérêt.

Il devrait les saluer, toussoter, signaler sa présence, mais il reste emmuré, muet et observe le théâtre des femmes.

Elles sont trois et à l’aide de grands couteaux gravent la table de bois d’une multitude de mots, signes, dessins sans sens.

Notre mémoire tressaute à l’infinie dans cet espace rectangulaire.

N’y aurait-il que la matière qui se souvienne?